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Débats autour de la typographie

Dans « Typologie » – intéressant nuancier typographique présentant des polices de caractères de provenance française, paru en 2020 (Éditions Recto Verso, Paris) – le préfacier Philippe Apeloig écrit: « Je fus froidement accueilli et critiqué aux Rencontres de Lure où j'avais été invité, en 2001, pour présenter mes recherches. Je heurtais les puristes qui se montrèrent sceptiques. J'apparaissais comme un détracteur. J'avais marché sur les plates-bandes des dessinateurs de lettres. Je compris que, pour être admis dans leur cercle, il était important de se conformer à leur orthodoxie. »

Et le célèbre créateur français, auteur de plusieurs ouvrages, dont Chroniques graphiques, paru en 2016 (Tind Éditions). de préciser : « Néanmoins, une partie du public ne partageait pas leur opinion et leurs valeurs. Un débat avait commencé entre les anciens et les modernes. » Ces propos me rappellent les discussions qui ont suivi mon exposé, auxdites Rencontres internationales de Lure, deux années avant l'intervention de Philippe Apeloig. Une constatation notablement similaire.

Je m'attendais, certes, à une levée de boucliers, d'autant plus qu'il m'avait été donné de tâter le terrain en 1990 déjà. En effet, Jacques Monnier-Raball, directeur de l'École cantonale d'art de Lausanne, m'avait demandé d'intervenir à ses côtés en Haute-Provence. Il s'agissait de parler de la typographie suisse, vue sous l'angle romand. Siégeant dans les organes dirigeants de ce que l'on a appelé « l'école de Lure », Jacques Monnier avait présenté le sujet de façon subtile, consensuelle, usant des  formules littéraires dont il était coutumier. Je m'étais conformé à sa prise de position, exempte de controverse et de confrontation. Si bien que nul éclat ne s'ensuivit.

Il en alla autrement à l'aube du nouveau siècle, lors de ma conférence axée sur le « style suisse international » opposé à la tradition française. Les tenants de cette dernière ne se privèrent pas de fustiger l'ascétisme des compositions typographiques émanant de l'Helvétie. Quelques-uns dénoncèrent des relents bauhausiens...

En revanche, certains participants, dont le Belge Michel Olyff, talentueux concepteur graphique, m'apportèrent leur soutien. Ce dernier écrivit d'ailleurs, en 2006, dans un ouvrage consacré à Massin (Éditions Tandem): « Pendant longtemps, beaucoup de mes confrères français ont considéré la rigueur du graphisme suisse comme une invasion militariste (dixit le peintre Georges Mathieu). Pour moi, c'était une remise en ordre, une simplicité de bon aloi, bref, une libération. »

Roger Chatelain

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