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Nos milliardaires et nous

Une meilleure imposition des riches de la planète permettrait d’enrayer durablement la pauvreté. C’est l’ONG Oxfam qui formule cette proposition, une vérité à La Palice. Si ce n’était pas les milliardaires qui dirigeaient le monde, une telle proposition ne serait pas si utopique. Dans la mesure où le système capitaliste n’est pas fondamentalement remis en question, une telle proposition tient parfaitement la route, formulée en marge de Davos.

Une meilleure imposition des riches de la planète permettrait d’enrayer durablement la pauvreté. C’est l’ONG Oxfam qui formule cette proposition, une vérité à La Palice. Si ce n’était pas les milliardaires qui dirigeaient le monde, une telle proposition ne serait pas si utopique. Dans la mesure où le système capitaliste n’est pas fondamentalement remis en question, une telle proposition tient parfaitement la route, formulée en marge de Davos.

La Suisse est le pays qui, proportionnellement à sa population, compte le plus grand nombre de milliardaires. Que faire alors que le 1% de la population détient 44% de la fortune privée de ces presque 9 000 000 d’habitants, alors que les gens qui ont de la peine à nouer les deux bouts sont de plus en plus nombreux, alors que la classe dite moyenne rétrécit tous les jours, alors que c’est ce 1% qui accapare l’essentiel de l’effort de tous les peuples?

Un milliard, tout seul, représente l’empilement de billets de mille francs (un tiers de millimètre) sur 80 mètres de hauteur. Un million, c’est 8 cm. Les milliardaires sont 1133 en Chine, 716 aux États-Unis, 215 en Inde, 150 en Angleterre, 145 en Allemagne, 107 en Suisse, 73 en France, 72 en Russie.

Jeunes ou blanchis sous le harnais, les socialistes proposent tous les trois ou quatre ans, au niveau cantonal ou national, de prélever une partie importante de ces fortunes en justifiant ces propositions par diverses situations conjoncturelles. Ils perdent toujours. Les électeurs espèrent-ils devenir milliardaires? Ils votent systématiquement non.

Le professeur d’économie Marius Brülhart, de l’UNIL, désapprouve les impositions spéciales de ces fortunes et propose, à la Radio romande, le 16 janvier, de développer plutôt l’impôt sur l’héritage car une majorité de ces fortunes sont détenues par des héritiers qui n’ont en rien créé ces patrimoines. Jean-Jacques Servan-Schreiber a même écrit un livre pour développer cette idée, il y a déjà 50 ans.

Or, je préconise plutôt une solution qui a déjà été pratiquée dans presque tous les États occidentaux pendant les Trente Glorieuses. Je la rappelle. Que ceux qui sont aux affaires la remettent à l’ordre du jour: les sociétés étaient imposées sur leurs bénéfices jusqu’à 80%. Bien entendu, ce taux ne touchait que les tranches de bénéfices les plus hautes. Puisque seuls les dividendes distribués étaient touchés, cela n’a pas empêché les milliardaires d’accumuler d’immenses fortunes. Aurions-nous dû être encore plus voraces? Les États ont été, pendant ces trente années, en mesure d’assumer les obligations qu’ils avaient envers leurs peuples et aussi envers les entreprises. Hélas, depuis Reagan et Thatcher, et plus tard Trump, ils se sont endettés de la manière la plus irresponsable… précisément auprès des milliardaires. Pas belle la vie… des milliardaires?

Pierre Aguet

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