Il y a un siècle et demi...
S’il est un anniversaire qui, sous nos latitudes, a été peu signalé, voire passé sous silence, c’est bien celui de la Commune de Paris. Et pourtant... Dans les années 1870 et 1871, les travailleurs du livre (typographes, imprimeurs, relieurs, auxquels se joignirent des journalistes) ont été particulièrement actifs durant cet épisode historique.
Des idées innovantes (l’égalité entre hommes et femmes, l’interdiction du travail des enfants, le suffrage universel...) avaient été lancées à travers les barricades, laissant des traces indélébiles dans la société française.
Sous le titre «Le temps des cerises», la revue Graphê (bulletin de l’association de ce nom vouée à la promotion de l’art typographique) éditée à Paris, a consacré la moitié de son numéro (juillet 2021), soit huit pages illustrées, à cette commémoration.
Le témoignage d’Henri Rochefort, fondateur de La Marseillaise, est édifiant... «J’en ai fait un jour le calcul: pas un de mes collaborateurs n’échappa, après la Commune, aux représailles versaillaises, tous les officiers des conseils de guerre où nous comparûmes appartenant à l’opinion bonapartiste la plus avouée et ne cherchant que l’occasion de venger leur empereur méchamment mis à mal par ces hommes sans foi et sans honneur qu’on appelle des républicains. Millière assassiné sur les marches du Panthéon; Raoul Rigault fusillé; Paschal Grousset condamné à la déportation; Gustave Flourens tué à coups de sabre; Breuillé condamné à la déportation; moi condamné à la même peine et déporté par surcroît. Enfin, tous, jusqu’aux typographes qui composaient nos articles...» Selon un autre témoin, «le bataillon des typographes a perdu les trois quarts de ses effectifs au cours de cette épopée...».
La Commune de Paris demeure synonyme d’une insurrection éphémère, certes baignée dans le sang, mais symbolique d’une révolte émancipatrice,
Roger Chatelain
