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La fin du protestantisme et la défaite de l’Occident

Jean-Villard Gilles, Jean-Claude Guillebaud, Emmanuel Todd. Que viennent faire ensemble, ces trois auteurs?

Du premier, nous nous souvenons de la chanson «Les trois cloches». Laissée au fond d’un tiroir parce que trop kitch, Gilles l’a chantée lorsqu’il devait sortir chaque semaine, une nouvelle chanson à la Radio romande. Or, c’est probablement celle qui a eu le plus de succès à travers le monde, traduite en 10 langues, chantée par les Compagnons de la chanson ou même, à la TV romande, par la présidente de la Confédération. Gilles conduit son Jean-François Nicod à l’église trois fois: au baptême, au mariage et à son enterrement.

Jean-Claude Guillebaud explique dans son livre «Comment je suis redevenu chrétien», la chose suivante: «Je voulais affirmer que j’étais chrétien…, mais une dérision goguenarde qui court dans l’époque et agite les médias, principalement à gauche, où se situent la plupart de mes amis. On aime y désigner le croyant comme un zombie archaïque, amputé d’une part de lui-même, voué à une crédulité qui prête à sourire quand elle ne déchaîne pas l’hostilité.»

Que publie Emmanuel Todd dans son dernier livre: «La défaite de l’Occident»? Pendant les Trente Glorieuses, dont j’aime à rappeler que les plus riches payaient jusqu’à 82% de leurs revenus à l’impôt, les États, en mesure d’assumer leurs responsabilités, ont pu développer les services publics et l’école en particulier. Dès lors, les jeunes furent très nombreux à pouvoir faire des études universitaires. À partir de ce statut, ils ont refusé de se référer à une vérité révélée. Le protestantisme qui avait joué un rôle important dans le développement de nos démocraties occidentales a disparu. Il a été pendant quelque temps un «protestantisme zombie», c’est-à-dire sans la foi et l’éthique où l’on se contentait d’aller trois fois à l’église: au baptême, au mariage et à l’enterrement. Nous en sommes, selon Todd, au protestantisme zéro.

Ces pertes de valeur, cet égarement dans la course aux profits, à la seule efficacité financière de nos entreprises et aux mensonges, expliquent les errements de nos dirigeants économiques et politiques. Dès lors, Emmanuel Todd prédit la prochaine défaite de l’Occident et rappelle par exemple que ceux qui le suivent dans sa politique antirusse ne sont que 12% de l’humanité. C’est vraiment peu.            

Pierre Aguet

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