Article

Le style suisse s’est imposé

Dans ma dernière communication, j’avais esquissé la silhouette de Maximilien Vox...
Ce dernier laisse une œuvre considérable. Dessinateur, graveur, illustrateur, journaliste, éditeur, auteur, traducteur, conférencier, typographe, maquettiste d’imprimerie… Ses multiples interventions attestent de sa vaste culture, de sa prescience de l’évolution technologique, de sa force de conviction, comme de ses indéniables talents. Toutefois, il a voulu, avais-je relevé, s’attacher à la promotion d’une typographie française, d’une «graphie latine», symbolisée par l’arabesque France opposée au cube Europe. Et de m’interroger: a-t-il réussi son pari?

A mon sens, non. Il s’est trompé et je l’avais dit à Lurs, lors de mon exposé, en 1999, devant une salle comble, où les mainteneurs français étaient majoritaires. Rétrospectivement, on peut penser, en effet, qu’il aurait pu ou dû user de son influence pour prendre le train de la «nouvelle typographie», si ce n’est dès l’abord (Bauhaus), en tout cas dans les années quarante et cinquante. Quitte à peser de tout son poids pour aménager ce fameux «carré suisse» qu’il dénonçait. Il aurait pu s’emparer des nouvelles formes graphiques en introduisant des caractères à empattements qui, souvent, ne les auraient pas déparées.

Expérience à l’appui, on peut affirmer que l’usage exclusif des caractères Linéales, par les adeptes du Bauhaus, était une forme extrême du style préconisé. Suivant le message véhiculé, des caractères classiques (à empattements) auraient pu convenir. L’ouvrage Typographie du Bâlois Emil Ruder, condensé didactique de la «typographie suisse», paru pour la première fois en 1967, n’exclut pas ce type de lettres.

Il faut, certes, reconnaître que la rénovation de la typographie, dans les années vingt, passait nécessairement par la prééminence des caractères grotesques. Style dépouillé oblige, face au foisonnement décoratif et à l’exubérance antérieurs.

Rappelons enfin que, après la Seconde Guerre mondiale (et jusqu’à l’aube du XXIe siècle), six ou sept douzaines de graphistes et typographes suisses alémaniques ont œuvré (et enseigné leur art) à Paris. Leur influence «moderniste» a été considérable.

Roger Chatelain

Restez informées

Personnellement, rapidement et directement

Vous voulez savoir pourquoi nous nous engageons. Abonnez-vous à nos newsletters! Si vous avez des demandes personnelles, nos secrétaires régionaux seront heureux d’y répondre.

syndicom près de chez toi

Les secrétariats régionaux te conseillent de manière compétente

S'abonner à la newsletter