Sollicitations financières, qui a gagné?
Nous sommes tous, quotidiennement, sollicités d’envoyer de l’argent à de très nombreuses institutions. Ces grosses enveloppes contiennent souvent des cartes plus jolies les unes que les autres. Les BV sont doubles. Un avec une somme importante déjà imprimée et l’autre avec la somme laissée à la générosité du «client».
Il y a un numéro de référence comme s’il s’agissait d’une facture. Nous sommes aussi sollicités par la radio et par la télévision. La Chaîne du Bonheur, mais pas que. Sollicités encore par des messages mail qui tombent avec une régularité remarquable: «Je donne 1.-, 2.-, 5,- 10.-, 100.-.» Il suffit de cliquer.
C’est un peu comme les téléphones des assurances maladie. J’ai décidé de noter toutes ces sollicitations, du 1er janvier au 31 décembre 2020. Ce travail se fait par des machines. Il n’y a plus de limites. En 365 jours, 602 demandes. Voici les champions: SumOfUs 72 sollicitations, CitizenGo 43, Multinationales responsables 35, Parti Socialiste Suisse 33, EPER 23, Terre des hommes 15, Avaaz 11, Centre Social Protestant 6, Caritas 5, Brontallo 4, etc. Je cite encore Pollinis, Helvetas, Amnesty, GSsA, Longo Maï, Alliance Climatique, Compass, Unicef, etc.
SumOfUs et Avaaz nous invitent à signer des pétitions mais n’oublient pas, non plus, de demander de l’argent. Avaaz rarement, mais pour SumOfUs l’argent compte plus que l’action militante. Les organisations d’obédience religieuse sont aussi nombreuses. Si j’ai compté celles de l’EPER, il faut y ajouter le CSP, PPP, la paroisse, Crêt-Bérard, TerrEspoir. Idem pour la Croix-Rouge ou le PSS qui nous sollicitent au nom de ses sections vaudoise, suisse et internationale.
Les Etats ne sont-ils plus en mesure d’assumer leurs responsabilités sociales? La générosité du public doit prendre le relais? Tous les ans, on baisse les impôts des plus riches qui ne savent plus quoi faire de leur argent. A l’échelle mondiale, les milliardaires ont augmenté leurs fortunes de 3900 milliards entre le 18 mars et le 31 décembre 2021 et nous perdions 250 millions d’emplois. Il faut revenir à la politique du New Deal où les plus aisés étaient imposés jusqu’à 80% de leurs revenus? Cela leur permettait de continuer à développer leurs affaires et aux Etats d’assumer leurs responsabilités sociales. La Confédération, en 2020, année difficile entre toutes, pour sauver les banques et les entreprises, ajoute 6 milliards à sa dette et l’UBS, la même année, ajoute 6,6 milliards à sa fortune…
Pierre Aguet
