Mémorable Guilde du Livre!
Pourquoi pas un rappel historique? D'autant plus qu'il concerne l'édition, le livre... Une relation qui mérite l'attention, car notre mouvement syndical y occupe une place de choix. Celle d'avoir efficacement contribué à l'essor de la Guilde du Livre. Lequel constitue une fabuleuse épopée! Une trajectoire parrainée par C. F. Ramuz.
Imaginée par Hans Oprecht, dans la mouvance de la BüchergildeGutenberg, à Zurich, qu'il présidait, la Guilde du Livre est née, à Lausanne, en 1936. Elle a été portée à bout de bras par Albert Mermoud, quarante année durant. La diffusion à grande échelle d'ouvrages de qualité, à un prix réduit, la caractérisait. En 1950, la cinquante millième adhésion était enregistrée (et fêtée). Au fil des années, la communauté de lecteurs (appelés «les guildiens») – qui s'élevait à 95 000 abonnés vers 1958 – s'était élargie à Paris, Bruxelles, Milan, New York, Lisbonne, Montréal.
Il est intéressant de noter que, dès son lancement, ladite Guilde avait été suspectée de se situer à gauche de l’échiquier politique (voire accusée de recevoir de «l'or de Moscou»!). Était-ce parce qu’une présentation élogieuse, due à Constant Frey, était parue dans la presse syndicale (Le Gutenberg, Le Cheminot, Service public)? Conclusion de cet auteur: «La Guilde du Livre est née en Suisse romande. Quel militant syndicaliste, quel ouvrier ou fonctionnaire cultivé ne voudrait pas en être?»
Toujours est-il que, si la presse syndicale et coopérative se montra enthousiaste, les journaux d’information et les revues bien pensantes ne firent nullement chorus.
Sur le plan graphique et typographique, l'apport innovant de la Guilde a été apprécié et loué sur le plan international. De haute qualité, la conception et la réalisation des ouvrages étaient principalement l’œuvre des Imprimeries Populaires, à Lausanne. Et il me plaît de relever que, dans le présent bulletin, le responsable des textes français, notre ami Rolfi, avait mis ses compétences en héliogravure au service de cette réputée (et regrettée) entreprise des arts graphiques.
Roger Chatelain
